Ma vie n'est qu'un seul jour
Publié le 29 Avril 2006
Venant au Presse du Village à Etrépilly, j'ai encontré souvent Geneviève Aimée qui venait apporter régulièrement les chapitres de son futur livre. Cette femme avait beaucoup de choses à raconter car elle avait connu les deux guerres.
Genevièbe Aimée nous livre une page de vie qui se déroule à la campagne, dans la Brie. Vie simple au rythme des travaux des champs et de la ferme. Vie de peur qui s'écoule au rythme des guerres entre l'enfance et son mariage.
Témoignage poignant de sincérité, Geneviève Aimé plonge son beau regard bleu dans notre âme qui n'est ni une plainte ni une colère, simplement le souvenir de sa vie qu'elle raconte avec minutie comme le soleil qui se lève le matin annonciateur d'un autre jour. Jour suspendu entre joies et peines dans un pays en guerre.
"Je suis née en 1913, dans un petit village de la Brie. A cet endroit, le calme plat des longues plaines, qui fait onduler la richesse des champs de blé en de mouvantes vagues dorées au temps des moissons, se trmine en terrains plus accidentés, agrémentés de petits vallons coupés de bois où serpentent de petits ruisseaux.
Ces ruisseaux ! Leurs doux murmures ont bercé mon enfance, puisque l'un deux bordait la minuscule propriété où j'ai vu le jour.
Mon village, planté en croix dans la pente d'un de ces vallons, possédait quatre rues partant d'une petite place où l'église et son clocher dominaient le tout. La mairie et l'école faisaient face à l'église.
Non loin de là, deux lavoirs ; l'un couvert pour les jours de pluie, l'autre au gré du soleil et du vent, réunissaient les femmes et les filles du village.
Là, à grand coup de battoirs, d'éclats de rire, voir même de quelques disputes, elles blanchissaient le linge et noircissaient quelque peu les gens.
Quand un événement un peu important se produisait dans le pays, il se trouvait toujours quelques pièces un peu sales à laver afin de pouvoir les commenter chacune à sa façon.
Nous, les jeunes, nous n'avions guère le droit à la parole ; il fallait surtout surveiller notre manière de faire car le regard des plus âgées avait vite fait de déceler le linge n'étant pas sur le bon sens, pas assez frotté, pas assez rincé.
Nous essayions bien de nous grouper , afin de parler de nos petits secrets à nous, du dernier bal, du prochain ; ce n'était pas toujours facile, ces dames avaient le monopole des palces, c'était selon leur bon gré.
Un peu plus loin, le maréchal- ferrant; aux coup du lavoir répondait le martélement de l'enclume. C'était un des bruits les plus familiers du village ; dès l'aube, il se faisait entendre.
A cette heure, matinale, c'était les gais cocoricos des maîtres des basses-cours saluant l'aurore qui lui faisaient écho".
Ma vie n'est qu'un seul jour
Geneviève Aimée - édition Christian de Bartillat - Presse du Village